Washington DC

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samedi 10 septembre 2016

Chez Marguerite

La littérature peut nous mener loin, très loin, au propre comme au figuré. Depuis l'interview réalisé par Bernard Pivot en 1979 pour Apostrophes, mon "S.O." souhaite visiter la maison de Marguerite Yourcenar sur l'île des Monts-Deserts dans le Maine.  La chaleur tropicale de Washington, 37°C il y a quelques semaines, nous offre l'occasion rêvée de prendre la route vers le nord pour ce qui se révèlera un "road trip" improvisé et très réussi ! Let's hit the road !


Si dans un premier temps les kilomètres se suivent et se ressemblent, lorsqu'on arrive en Nouvelle -Angleterre, et que l'on quitte l'autoroute, le paysage est très différent. Il se décline dans la gamme infinie des verts et les bleus...


Rendez-vous est pris et, à l'heure dite, nous voici devant "Petite Plaisance", la maison blanche en bois qu'a habitée l'écrivain à South East Harbor durant une trentaine d'années. Une charmante dame nous accueille. Nous sommes seuls avec elle, "Petite Plaisance" ne fait pas partie des circuits fréquentés. Seuls les amateurs de littérature française font le pèlerinage. Dans son enfance, notre guide passait ses vacances dans une maison voisine. Elle est souvent venue avec sa mère prendre le thé chez celle qu'elle appelle encore toujours "Madaaaaame" dont elle garde un vif souvenir.

"Petite Plaisance"


Dès que nous franchissons le pas de la porte, les livres sont partout.  Nous entrons dans un petit salon, puis dans un bureau que l'écrivain nommait studio, dans un autre salon. Il règne dans ces pièces une ambiance recueillie. Les livres grimpent aux murs, entourent certaines portes et fenêtres. On ne voit pas de grands meubles, mais de rares petits fauteuils où s'asseoir et lire doit être vraiment confortable.  Quelques souvenirs ramenés de voyages lointains : Italie, Grèce, Japon. Les livres reflètent l'étendue de l'intérêt que portait Marguerite Yourcenar au monde, à l'histoire, la spiritualité...  Notre guide m'autorise à chercher dans un dictionnaire grec-français un mot d'une sentence écrite à la main sur un abat-jour. Surprise ! L'écrivain a même corrigé au crayon rouge une erreur présente dans ce dictionnaire. Quelle érudition ! Et je n'ai pas trouvé le mot en question, probablement une invention personnelle ...

Quelques carreaux de Delft sur un manteau de cheminée lui rappelaient ses Flandres et nous donnent un sentiment de déjà vu. Oui, bien sûr, il y avait les mêmes chez nos grands-mères... Même chose en voyant les poëles à bois qui étaient l'unique source de chaleur dans cette petite maison pendant les interminables hivers du Maine !

Dans la cuisine, pas de livres ni de frigo ? Les lieux sont rudimentaires. Le frigo se cache derrière une porte. Marguerite ne supportait pas le bruit de cet engin. Nous faisons ensuite un tour au jardin. Par conviction écologique elle en laissait une partie en friche au grand dam des voisins. Jardiner était une passion pour elle: fruits, légumes et fleurs à profusion.

 Friche au jardin


La veille nous avions déjà eu un premier contact avec l'auteur des Mémoires d'Hadrien lorsque nous avions été au cimetière du village minuscule de Somesville. Un vrai jeu de piste pour trouver la tombe dans une petite clairière au bord d'un étang envahi par les roseaux.  Une dalle grande comme un livre... Simplicité et sobriété.


" Plaise à Celui qui Est peut-être de dilater le coeur de l'homme à la mesure de toute la vie "

Visite émouvante.

 Coucher de soleil depuis le Mont Cadillac

Anne
PS : "S.O.",à l'américaine, pour Significant Other.

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