Minuit. La maison tremble, bouge, gîte comme un navire en pleine
mer. Les rafales de vent sont de plus en plus violentes. Les vagues se
fracassent avec force sur le rivage. Les éléments se déchaînent… C’est la
tempête ! Et nous nous trouvons sur une île qui me semble en ce moment bien
fragile. Toute étirée en longueur, elle ne fait pas 300 mètres de large
à la hauteur de la maison que nous occupons.
Une maigre barrière de dunes nous sépare de la plage mangée par les vagues. Etait-ce
vraiment une bonne idée de passer une semaine à Hatteras dans les Outer Banks
?
J’entends encore un enfant nous dire avant d’aller se
coucher “I guess you guys are too lazy to evacuate !”
La météo annonçait "Coastal flood, gale, heavy rain, and thunderstorm". Un beau programme de tempête. Une
fois de plus la nature nous a brusqués. Nous gardons un souvenir très vif des deux ouragans que nous avons vécus à New York et nous ne sommes pas très à l’aise. Fallait-il quitter les lieux ? Avons-nous compris correctement l'avis transmis par la météo? De toute façon, à l’heure qu’il est, LA route
vers le nord est inondée. Il n’y a plus qu’à patienter et à espérer que la
maison construite sur pilotis résiste à l’assaut du vent. Ce n’est la première tempête
qu’elle connaît, ni la dernière certainement… La nature nous rappelle qu'elle est imprévisible et reste la plus forte.
Si j’écris ces lignes, c’est que la maison a bien tenu et que nous avons survécu. Ouf ! Le matin nous a trouvés légers et contents ...
Le temps ne s’est pas remis au grand bleu, les températures ont chuté. La pluie s’est arrêtée, le vent a
continué à souffler suffisamment pour rendre ardues les
promenades sur la plage.
La nature est l’attrait puissant de l’île d’Hatteras :
dauphins, cormorans, petits échassiers se relaient pour capter notre attention
sur les plages immenses. Les maisons de vacances toutes en bois sont homogènes et
burinées par le climat. Aucune chaîne commerciale ne vient enlaidir le village
de pancartes publicitaires aux couleurs criardes. Il n'y a qu'une ou deux possibilités de ravitaillement de base. Quelques familles, des
enragés de la pêche à la ligne, se croisent sur la plage. Peu de trafic et peu de bruit. Un poissonnier nous vend les produits ultra-frais du jour : un
régal!
Le phare d'Hatteras |
“Y a vraiment rien à faire ici” nous répètent les
adolescents que nous avons emmenés avec nous. C’est vrai ! Rien de compliqué, que des choses simples dans ce bout du monde fantastique. Et c’est ça dont
nous avons besoin pour recharger nos batteries.
Nous allons voir le phare d’Hatteras et celui d’Ocracoke après avoir franchi par le ferry le passage vers l’île suivante au sud.
Le phare d'Ocracoke |
Le regard régénéré par la vue répétée de la mer et l’esprit
aéré par le grand vent, nous remontons sans histoire vers la capitale fédérale pour
trouver le printemps installé dans son habit neuf.
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